Les expositions en Chine : un nouveau monde à deux vitesses
Vue de l'exposition Born from the Canal – Impressions of Ancient Cities, 2023, Yangzhou China Grand Canal Museum.
Entre patrimoine millénaire et art contemporain expérimental, la scène muséale et le marché des expositions en Chine connaît une transformation spectaculaire. Entre 2024 et 2025, le pays a vu émerger des formats immersifs, des thèmes dynamiques répondant aux attentes d’un public toujours plus exigeant et des modèles opérationnels innovants.
Avec plus de 7 000 musées publics et une myriade de galeries privées, la Chine confirme le rôle central de la culture dans sa stratégie de relance intérieure. Les musées attirent 1,49 milliard de visiteurs par an, générant des revenus significatifs via les billets et les produits dérivés (National Cultural Heritage Administration, 2024).
Dans ce paysage culturel, coexistent deux univers complémentaires : d’un côté, les musées publics, véritables moteurs de la diffusion patrimoniale et touristique, qui mettent en valeur l’histoire et les grandes civilisations nationales ou mondiales ; de l’autre, les institutions privées et galeries d’art, piliers de la scène contemporaine, économiquement plus fragiles mais reconnues pour leur capacité d’innovation, tant dans leurs formats d’exposition que dans leurs modes de médiation.
Cependant, cette appétence pour les loisirs culturels n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire. La capacité et la volonté de payer varient fortement selon les régions, en fonction du pouvoir d’achat et des habitudes de consommation. Si de nouvelles initiatives voient le jour dans des villes de taille moyenne, l’enjeu majeur reste concentré dans les grandes métropoles telles Pékin et Shanghai. Ces dernières concentrent l’essentiel des infrastructures culturelles, des expositions internationales prestigieuses et d’un public prêt à dépenser pour des expériences culturelles de haut niveau, confirmant leur rôle moteur dans la structuration du marché.
Ces institutions, garantes de l’histoire et du patrimoine, privilégient une programmation stable et conservatrice. Elles mettent en avant les grandes civilisations universelles ou les maîtres de la peinture occidentale, tout en valorisant le patrimoine chinois et ses cultures régionales. Leur force réside dans leur capacité à associer accessibilité – via la gratuité des collections permanentes – et attractivité économique – grâce à des expositions temporaires payantes, parfois de véritables blockbusters culturels, capables de générer des recettes colossales.
Vue de l’exposition Man Ray and his muses, TAG Art Museum (Qingdao), 2022. Courtesy de TAG Art Museum.
Vue de l’exposition De Corot à l’impressionisme : l’invention du paysage moderne, Musée provincial du Hubei, Chine.
Pourtant, derrière cette fragilité se dessine une véritable capacité de réinvention. Plus de 50 musées d’art privés ont ouvert leurs portes au cours des cinq dernières années. Les acteurs privés, contraints de revoir leurs modèles, privilégient désormais des structures plus légères, économiquement sobres et ancrées dans les communautés locales. Loin des logiques spéculatives, ils se recentrent sur le public, proposant des formats adaptés et des expériences immersives accessibles. Les réseaux sociaux et certaines figures médiatiques participent à cette démocratisation, élargissant l’audience de l’art contemporain et favorisant l’émergence de nouvelles pratiques.
L’expérience immersive : le maître-mot
Dans les musées publics chinois, l’expérience immersive est devenue un levier central pour renforcer l’attractivité et renouveler la relation au patrimoine. Les institutions investissent massivement dans les technologies de réalité augmentée (AR), de réalité virtuelle (VR), d’intelligence artificielle (IA) et dans des dispositifs interactifs, afin de transformer la visite en une expérience sensorielle et engageante. L’exposition Dunhuang Culture & Art (Beijing Exhibition Center, 2025) en offre une illustration : consacrée aux célèbres grottes de Dunhuang, haut lieu du bouddhisme et carrefour majeur des échanges culturels. Cette orientation se traduit aussi par une diversification des modes de présentation : des expositions patrimoniales complètes retraçant l’histoire d’une civilisation (The Countless Aspects of Beauty in Ancient Art: From the Collection of the Hellenic National Archaeological Museum, Musée national de Chine, 2024-2025), des expositions thématiques ciblées explorant des sujets précis (The Glory Within Authenticity, National Museum of Classics Books, 2025), ou encore des fusions transdisciplinaires associant patrimoine, art contemporain et cinéma (Tim Yip: Mirror Garden, Shenzhen Museum of Contemporary Art and Urban Planning, 2025). En misant sur la technologie et la scénographie immersive, les musées publics compensent ainsi leur relative prudence dans le choix des contenus, et confirment leur rôle de garants du patrimoine capables de séduire un public élargi.
Les institutions privées, disposant de moyens plus modestes, développent une immersion davantage fondée sur la narration et l’expérience sensorielle. Moins dotées en ressources technologiques de pointe, elles misent sur des formats expérimentales et accessibles : thématiques populaires autour de grandes figures (David Hockney: Bigger & Closer, West Bund Museum, 2025), du bien-être (《如花山海》Like Flowers, Mountains, and Seas, Beijing Times Art Museum, 2025), de la spiritualité ou d’installations immersives attractives (Silent Emptiness, Red Brick Art Museum, 2025), qui leur garantissent visibilité et rentabilité rapide. Entre recherche de fréquentation et volonté de maintenir un rôle culturel exigeant, les musées privés cultivent ainsi une identité contrastée, où l’expérience immersive devient autant un outil de démocratisation qu’un terrain d’expérimentation artistique.
Unveiling Sanxingdui and Jinsha of Ancient Shu Civilization (Grand Canal Museum, 2024) : quand le patrimoine fascine tout le monde
L’exposition Unveiling Sanxingdui and Jinsha of Ancient Shu Civilization au Grand Canal Museum, (branche Est du Capital Museum), constitue un exemple emblématique de l’efficacité des musées publics chinois à attirer un large public tout en renouvelant la manière de présenter le patrimoine. Sur toute sa durée, l’exposition a accueilli 1,54 million de visiteurs : la fréquentation quotidienne était de 16 000 visiteurs en moyenne, passant à plus de 33 000 pendant les week-ends. Fait notable, il s’agissait d’une exposition gratuite, ce qui souligne à la fois son accessibilité et son succès populaire.
Le secret de cette réussite réside dans la combinaison de plusieurs facteurs. Le thème historique, centré sur la civilisation mystérieuse et emblématique de Sanxingdui, a su captiver l’imaginaire collectif et reconnecter le public aux racines culturelles de la Chine ancienne. La médiation a été pensée pour toucher un public varié, y compris les jeunes générations, grâce à l’intégration de technologies immersives. L’expérience en réalité virtuelle « Aventure à Sanxingdui » a transformé la visite en une véritable exploration interactive, mêlant rigueur scientifique et accessibilité.
Vue de l’exposition Unveiling Sanxingdui and Jinsha of Ancient Shu Civilization, 2024, Beijing Grand Canal Museum.
Au-delà de l’attrait immédiat, cette exposition illustre la capacité des musées à allier contenu culturel, innovation technologique et formats de médiation innovants. Elle montre aussi comment le patrimoine peut devenir un vecteur d’engagement pour le public tout en ouvrant de nouvelles opportunités économiques, notamment à travers la création d’objets dérivés culturels. Sanxingdui incarne ainsi un modèle de réussite où l’histoire est mise en scène à grande échelle, démontrant que le potentiel de diffusion culturelle peut s’accompagner d’expériences immersives capables de séduire un public contemporain.
Frida’s Paradox (Sea World Culture and Arts Center, 2025) : quand la déception éclaire le marché
En 2024, le Sea World Culture and Arts Centre de Shenzhen lance la première exposition dédiée à Frida Kahlo en ChineFrida’s Paradox, promettant plus de 250 œuvres, dont peintures, lettres et objets personnels, pour un ticket à 128 yuans.
Moins d’une semaine après l’ouverture, l’exposition est rapidement critiquée. Seulement sept œuvres originales de Frida sont présentées, le reste étant constitué de reproductions ou documents visuels, tandis que sept artistes chinois supplémentairessont ajoutés sans annonce préalable. La scénographie, l’éclairage et les textes explicatifs sont jugés insuffisants, rendant la reconstitution de l’univers de Frida peu convaincante.
Ce fiasco illustre les risques d’un marketing trompeur : miser sur la renommée d’un artiste sans garantir la qualité de l’expérience peut porter atteinte à la réputation d’un lieu culturel. Il rappelle également que le public chinois, désormais plus exigeant, valorise transparence, rigueur curatoriale et qualité de la médiation bien plus que le simple nom d’un artiste célèbre. Une leçon précieuse pour le marché de l’exposition en pleine maturation.
Un offre thématique à deux visages
La scène muséale chinoise se distingue par une palette de thèmes en pleine diversification, portée par des logiques différentes entre musées publics et institutions privées.
Les musées publics s’appuient sur une programmation conservatrice et stable, qui privilégie des valeurs sûres : les grandes civilisations patrimoniales (Grèce, Maya), les collections inédites de prestigieuses institutions étrangères (De Corot à l’impressionisme : l’invention du paysage moderne, Musée des Beaux-Arts de Reims, 2025)et les maîtres universellement reconnus (Picasso, Matisse) cohabitent avec la mise en valeur du patrimoine historique chinois et des cultures régionales comme l’art de Dunhuang. Moins portés vers l’avant-garde, ils consolident leur rôle de garants de l’histoire et de la culture, tout en répondant à la curiosité internationale du public.
Les musées privés, à l’inverse, explorent des thématiques plus variées et parfois expérimentales. Nombre d’entre eux misent sur des sujets accessibles et attractifs comme de grandes figures historiques (Ieoh Ming Pei, David Hockney), la thématique du bien-être (Ka Ban 《卡班》,Aurora Art Museum, 2025) et des dispositifs immersifs (VR, multi-médias) afin d’élargir leur audience et d’assurer leur viabilité. Quelques institutions continuent toutefois de défendre des formes plus audacieuses et interdisciplinaires, en ancrant leurs contenus dans des contextes sociaux, culturels ou géographiques spécifiques pour rapprocher l’art contemporain des communautés.
Ainsi, la diversité des thèmes reflète deux approches complémentaires : la stabilité patrimoniale et universelle des musées publics, et l’exploration plus souple et risquée des institutions privées, à la croisée de la popularisation et de l’innovation artistique.
Vue de l’exposition Matisse by Matisse, UCCA, Beijing, 2023. Photo : courtesy de UCCA.
Paths to Modernity: Masterpieces from the Musée d’Orsay, Paris (Musée d’art de Pudong, 2025)
Vue d’exposition Paths to Modernity: Masterpieces from the Musée d’Orsay, Paris, 2025.
Cette exposition est la plus ambitieuse jamais organisée en Chine par le Musée d’art de Pudong et le Musée d’Orsay. Rassemblant plus de 100 chefs-d’œuvre majeurs du XIXe siècle au début du XXe siècle, elle met en valeur des artistes emblématiques tels que Courbet, Monet, Manet ou Cézanne. La collaboration avec le Musée d’Orsay, institution mondialement reconnue et jouissant d’une forte notoriété en Chine, a naturellement suscité une attente considérable du public.
Dès son ouverture, l’exposition a rencontré un franc succès en accueillant déjà plus de 600 000 visiteurs, avec une fréquentation quotidienne moyenne de 8 000 personnes. Le public salue la qualité des œuvres et la richesse des dispositifs : scénographie immersive, espaces simulant le musée d’Orsay, visites guidées en ligne et collaborations de marques hors-les-murs.
Au-delà de la fréquentation, l’événement reflète l’intérêt croissant du public chinois pour l’art occidental classique et moderne, tout en démontrant qu’un musée public peut toucher un large public grâce à des contenus exigeants, à condition de les accompagner d’une médiation innovante et d’outils de communication adaptés. Mais ce succès prend une dimension encore plus significative si l’on considère son contexte : l’exposition se déroule à Shanghai, métropole reconnue pour son haut niveau de sophistication culturelle et artistique. Le projet illustre l’importance des partenariats internationaux et des formats immersifs dans le paysage muséal chinois actuel, où Shanghai joue un rôle de vitrine et de laboratoire culturel de premier plan.
Pictures of China (China Art Museum de Shanghai, 2024) : quand les grands maîtres attirent les foules
Le succès repose sur une combinaison d’éléments clés : une scénographie immersive et symétrique, qui met en valeur la singularité de chaque artiste tout en facilitant la comparaison ; un dispositif numérique interactif enrichissant la lecture des œuvres ; et une programmation éducative dense, avec 520 activités publiques, des ateliers d’encre aux visites nocturnes et rencontres, renforçant l’ancrage local du musée. Aussi, en valorisant la peinture traditionnelle chinoise, Paysage à la chinoise a mis en avant une subjectivité culturelle profondément nationale qui résonne avec le public.
Wu Guanzhong, A Big Manor, 2001.
La stratégie de communication, amplifiée par les réseaux sociaux et plateformes culturelles, a transformé l’exposition en événement culturel incontournable à l’échelle nationale. Cette réussite démontre qu’un contenu profondément ancré dans le patrimoine peut séduire un large public à condition d’allier rigueur muséographique, médiation active et innovation numérique. Elle illustre aussi la capacité des musées publics à stimuler le tourisme culturel intérieur et confirme le rôle croissant des plateformes sociales comme RED dans la mobilisation des jeunes publics et la prescription culturelle.
Bringing Death Back into Life (MACA Art Center, 2025) : lorsque l’art explore les tabous
Au MACA Art Centre, l’exposition Bringing Death Back into Life, initiée par l’Université Tsinghua, plonge le visiteur dans les thèmes universels de la mort, du vieillissement et du deuil à travers une approche interdisciplinaire mêlant art, sociologie, médecine et anthropologie. Réunissant 21 créateurs, l’exposition propose également un riche programme d’activités publiques : conférences, ateliers et discussions.
Si les médias spécialisés ont salué l’originalité et la profondeur du projet, le public sur RED a exprimé des réactions contrastées : émotion et intérêt pour certains, sentiment de complexité ou d’abstraction pour d’autres. Ces échanges ont néanmoins généré un dialogue culturel vivant et interactif, révélant l’impact d’un contenu exigeant mais sincère.
Cette exposition montre qu’un centre d’art peut aborder des sujets sensibles tout en touchant un public large, y compris des visiteurs peu familiers des musées. Elle illustre également la fertilisation croissante entre art et monde académique, donnant naissance à des projets à la fois réflexifs et ouverts. En combinant audace conceptuelle et médiation pédagogique, MACA prouve que l’art peut ouvrir le dialogue sur des tabous sociaux, offrant une expérience à la fois intellectuelle et émotionnelle.
Vue d’exposition Bringing Death Back into Life, MACA Art Center, 2025.
Modèles opérationnels : entre marchandisation, adaptation et retombées sociales
Les musées publics chinois bénéficient de financements étatiques, qui leur permettent de développer des modèles économiques puissants et structurés, où la marchandisation et la mise à l’échelle jouent un rôle central. Grâce à des mécanismes de tournée bien établis, les expositions de qualité circulent à l’échelle nationale, optimisant l’utilisation des collections et élargissant leur audience, comme l’illustre l’exposition The Glory of Ancient Persia: Treasures from Iran (Shanghai Museum, 2024). Un exemple notable en dehors des grandes métropoles est l’exposition De Corot à l’Impressionnisme : l’invention du paysage moderne au Musée provincial du Hubei, qui a attiré plus de 200 000 visiteurs, généré 14,4 millions de yuans de ventes de billets et 1,6 million de yuans de produits dérivés, illustrant le potentiel de succès des musées régionaux.
Leur stratégie repose aussi sur une stratification tarifaire : d’un côté, des expositions permanentes gratuites qui remplissent une mission éducative et de service public ; de l’autre, des expositions temporaires payantes (50-80 RMB en moyenne, soit 6-10 euros), dont certaines prestigieuses (The Civilization of Ancient Egypt: On Top of the Pyramid, Shanghai Museum, 2025) ont généré des recettes de billetterie colossales, avoisinant 320 millions RMB (38,2 millions d’euros). Cette dynamique s’accompagne de records d’affluence : certaines expositions dépassent 2 millions de visiteurs, tandis que même des événements plus ciblés (This is the Shang, Grand Canal Museum, 2025), attirent près de 28 000 visiteurs en une seule semaine. À cela s’ajoute un écosystème de collaboration diversifié, où les musées coopèrent avec des entreprises culturelles, des groupes médiatiques, des organismes touristiques ou encore des collectionneurs privés renforçant la professionnalisation et les retombées sociales du secteur.
Vue d’exposition I. M. Pei: Life Is Architecture, Power Station of Art, 2025. Photo: Power Station of Art and M+.
Les musées privés évoluent quant à eux dans un environnement plus fragile. Leur modèle repose sur une expérimentation tarifaire et organisationnelle, souvent inspirée du public : billetterie modulée selon le prestige des expositions, ajustements de prix pour maintenir l’attractivité, mais aussi diversification des revenus grâce à des espaces hybrides (cafés, librairies, ateliers, événements). Moins dépendants des grandes tournées nationales, ils cultivent une approche plus locale, cherchant à fidéliser leurs visiteurs par des formats flexibles, des horaires élargis et des expériences de proximité. Cette adaptabilité constitue leur force principale face aux contraintes économiques, tout en leur permettant de développer une identité propre, souvent plus tournée vers l’innovation artistique et la médiation culturelle.
The Civilization of Ancient Egypt: On Top of the Pyramid (Shanghai Museum, 2025) : l’Égypte antique fait sensation à Shanghai
Depuis son ouverture le 19 juillet 2024, l’exposition The Civilization of Ancient Egypt: On Top of the Pyramid au musée de Shanghai a littéralement captivé le public : près de 2,6 millions de visiteurs en un an, dont 70 % venus d’autres provinces ou villes.
Son succès repose sur une stratégie événementielle audacieuse : soirées thématiques (avec un clin d’œil aux chats, emblèmes du dieu égyptien Bastet), croisières immersives en partenariat avec Mingxin Cruises, marchés nocturnes et horaires étendus – jusqu’à 24h/24 à la fin de l’exposition. À cela s’ajoute une offre commerciale massive : plus de 1 200 produits dérivés, mêlant souvenirs traditionnels et objets design inspirés de l’Égypte antique.
La technologie joue un rôle clé : en collaboration avec LWA Culture, une salle immersive « à l’échelle de l’univers » plonge les visiteurs dans une reconstitution sensorielle spectaculaire de la civilisation égyptienne. Ce cocktail de contenu historique riche, de scénographie immersive et de marketing créatif a transformé l’exposition en une expérience culturelle totale, séduisant aussi bien les amateurs d’histoire que les familles, jeunes urbains et touristes.
Vue de l’exposition The Civilization of Ancient Egypt: On Top of the Pyramid, Shanghai Museum, 2025.
Conclusion
Entre 2024 et 2025, le marché chinois des expositions et des musées illustre une dynamique à la fois contrastée et complémentaire. Du côté de l’art contemporain, les institutions naviguent entre logique commerciale et ambition culturelle. Pour séduire un public de plus en plus exigeant, elles privilégient des formats immersifs et accessibles, tout en laissant certaines structures expérimenter des programmations audacieuses, capables de concilier innovation artistique et viabilité économique. Les succès, comme les échecs, montrent que la qualité de la curation et l’adaptation des dispositifs de médiation sont des facteurs déterminants pour répondre à des attentes en pleine évolution. Malgré les contraintes économiques et régionales, ce secteur se réinvente, donnant naissance à des modèles plus durables et ancrés localement.
Vue de l’exposition The Civilization of Ancient Egypt: On Top of the Pyramid, Shanghai Museum, 2025.
Parallèlement, le marché des expositions culturelles et muséales, porté par les musées publics, conserve une vitalité remarquable. La diversification des thèmes, l’intégration de technologies immersives et l’adaptation des stratégies de médiation ont permis de proposer des expériences à la fois éducatives et spectaculaires, mêlant patrimoine local et universel. Les expositions phares, comme The Civilization of Ancient Egypt ou Unveiling Sanxingdui and Jinsha of Ancient Shu Civilization, témoignent de l’appétit croissant du public pour des visites enrichissantes et interactives. Toutefois, la programmation des musées publics reste encore largement centrée sur l’histoire et la tradition, et l’ouverture aux enjeux de la création contemporaine demeure limitée. Les partenariats public-privé et la marchandisation renforcent la viabilité économique du secteur, mais l’équilibre entre accessibilité, rigueur scientifique et renouvellement des contenus constitue un enjeu majeur.
Dans ce contexte, la Chine révèle un paysage culturel double : les musées publics assurent la diffusion massive et structurée du patrimoine, consolidant leur rôle central dans le tourisme et la consommation culturelle, tandis que les acteurs privés expérimentent de nouvelles formes et rapprochent l’art contemporain des communautés. Cette complémentarité témoigne de la richesse et de la vitalité du marché, où innovation, médiation et expérience immersive redéfinissent la manière dont le public vit la culture, tout en ouvrant la voie à un modèle plus inclusif et durable pour l’avenir.
Doors a rencontré Nicole Ching et Leigh Tanner, les jeunes fondatrices de Museum 2050, une nouvelle plateforme basée à Shanghai dédiée à la réflexion sur l’avenir des institutions culturelles en Chine et dans le monde d’un point de vue local.
Henri Matisse, figure majeure du XXe siècle et chef de file du fauvisme, a influencé la scène artistique chinoise et particulièrement le Mouvement Moderne Chinois (années 1920-1940).
LIEUle musée du palais dans la Cité interdite (Pékin)
DATES5 janvier - 11 avril 2024
COMMISSAIREsLaïla Nehmé, Abdulrahman Alsuhaibani
POURAFALULA
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